Dans un petit village de la région de Bandundu, vivait un homme qui chassait
les rats. Il tendait des pièges partout dans la forêt et, chaque jour, il allait
récupérer tous ceux qui s'y étaient laissés emprisonner.
Au début, il tuait beaucoup de rats. Il revenait chaque jour avec des paniers
remplis.
Et sa femme et lui étaient très contents car ils mangeaient toujours à leur
faim. Leurs enfants débordaient d'énergie et sautaient dans tous les sens en
riant très fort !
Mais au bout d'un certain temps, il attrapait de moins en moins de rats. Les
jours passaient et, petit à petit, la famine s'installait dans sa famille. Ses
enfants, sa femme et lui maigrissaient de plus en plus. Les petits n'avaient
même plus la force de jouer avec leurs camarades.
Un matin, alors qu'il n'avait capturé aucune bête depuis plusieurs jours, il se
rendît dans la forêt et, à sa grande surprise, il trouva un écureuil pris dans
un de ses pièges.
Tout heureux, il le mît dans son panier. Il imaginait déjà la joie de sa famille
quand tous le verraient revenir avec cet animal.
Tout en avançant, le chasseur sifflait, chantait et parlait tout haut :
" Quelle chance ! Quand je verrai ma femme, je lui donnerai cet écureuil et elle
nous préparera un bon repas ! "
La petite bête, elle, n'avait aucune envie de finir dans l'assiette de cet
homme, ni dans celle de ses enfants. Elle pleurait et, sur tout le chemin, elle
le suppliait de bien vouloir le relâcher.
A force d'entendre les pleurs de l'écureuil, le chasseur perdait sa joie. Il
n'avait plus envie de tuer ce petit animal et encore moins de le manger. Et, au
moment où ils étaient presque arrivés au village, il libéra son prisonnier.
" Merci beaucoup chasseur ! Je sais que tu as faim mais tu as assez de cœur pour
me rendre ma liberté ! Je n'oublierais pas ce que tu as fait aujourd'hui pour
moi. "
Le chasseur rentra donc une fois de plus chez lui les mains vides. Mais cette
fois-ci il annonça à sa femme qu'il ne voulait plus chasser.
Désormais, il serait tireur de vin de palme.
Tous les matins, il prenait la route, muni de sa machette. Sa femme
l'accompagnait et portait les calebasses.
Ils allaient tous les deux tirer le vin des palmiers.
Un jour, le léopard surgît à côté d'eux. Il avait de grandes dents très pointues
et il était très grand.
Il avait dans sa main un crâne et il ordonna à l'homme :
" J'ai déjà mangé huit hommes et aujourd'hui tu seras le neuvième à finir dans
mon ventre. Mais j'ai très soif alors prends ce crâne et remplis-le de vin ! "
L'homme tremblait de peur devant ce gros léopard et il lui obéît rapidement.
Il tirait le vin en pleurant lorsqu'il aperçut l'écureuil tout près de lui
perché dans un arbre.
" Que t'arrive-t-il et pourquoi pleures-tu ainsi ? ", lui demanda l'écureuil.
L'homme lui expliqua que le léopard voulait le manger et l'écureuil le rassura :
" Ne t'inquiète pas mon ami, ce léopard ne te fera rien. Tu m'as déjà sauvé la
vie et c'est aujourd'hui à mon tour de t'aider ! Retourne auprès de ta femme et
apporte son vin au léopard. "
Pendant que le léopard buvait bruyamment, l'écureuil apparut à côté de lui avec
un crâne à la main et lui dît d'une voix forte :
" J'ai déjà mangé huit léopards et tu seras aujourd'hui le neuvième ! Prends ce
crâne et remplis-le de vin que je calme ma soif avant de te dévorer ! "
En entendant l'écureuil parler ainsi, le léopard s'enfuit à toute vitesse, la
queue entre les jambes de peur d'être mangé à son tour.
L'écureuil qui était très malin avait donc réussi à sauver la vie du tireur de
vin de palme et de sa femme malgré sa petite taille et ils restèrent très amis.